Le Dow Jones en berne, le Nasdaq dans les abîmes, c'était un lundi noir à Wall Street. Alors que la planète entière attendait avec fébrilité l'adoption du plan Paulson - qui vise à injecter quelque 700 Md$ dans l'économie américaine - le Congrès a finalement rejeté le principe d'une intervention étatique pour palier des errements privés. Dans la foulée de ce coup de bambou imprévu, les places boursières du monde entier se sont drapées de noir pour afficher des baisses spectaculaires. A Wall Street, le Dow Jones enregistre ainsi le recul en valeur le plus important de son histoire, en perdant près de 800 points. Si le marasme concerne avant tout le secteur bancaire et financier (citons la faillite de Lehman Brothers, les nationalisations en urgence de Fortis et de Bradford & Bingley, le renflouement d'AIG ou les incertitudes planant autour de Dexia), aucun domaine d'activité n'est épargné par la sinistrose. Les valeurs technologiques ne font donc pas exception et affichent une baisse généralisée. Symbole de ce cataclysme, le Nasdaq connaît la 3e diminution la plus importante de son histoire, à -9,2%. Apple chute de 23% Parmi les acteurs de l'IT, nul ne tire son épingle du jeu. La principale victime est indubitablement Apple, dont le titre perd 23% ; les géants du Web Google et Yahoo décrochent de plus de 10% ; les grands constructeurs comme HP et Dell baissent de plus de 7% ; Oracle affiche -9% et Microsoft -8%. « C'est la douche froide pour tout le monde », commente Frédéric Giron, directeur des études au sein de Pierre Audoin Consulting France. Faut-il, en observant ces effondrements de valeurs, lire une quelconque rationalité des investisseurs ? Rien n'est moins sûr, selon l'analyste : la crise concerne essentiellement le secteur de la finance, et n'est donc pas directement liée au domaine de l'IT. Les réactions immédiates seraient donc plus épidermiques que logiques, les porteurs anticipant un ralentissement des investissements et des dépenses des consommateurs en vendant leurs titres pour se rabattre sur des valeurs refuges comme les bons du trésor ou les métaux. Pourtant, rappelle Frédéric Giron, la crise ne menace pas le monde de l'IT. « Dans le secteur des logiciels et des services, les carnets de commandes sont pleins pour 2008. En 2009, même si un ralentissement plus ou moins prononcé se fera sentir selon les secteurs et les pays, la croissance devrait perdurer. En France, par exemple, les logiciels et services devraient générer un revenu en hausse de 5%. » 20% des dépenses IT reposent sur le secteur bancaire